Albert NALLET
Qui est Albert Nallet ? Un professeur de lycée professionnel. Les hasards de l’histoire de France et de son histoire personnelle le rendent, à notre avis, représentatif de toute une génération d’hommes devenus professeurs techniques d’enseignement professionnel (PTEP) de collèges d’enseignement technique, chargés d’enseigner une discipline professionnelle industrielle, en l’occurrence la chaudronnerie. Ces jeunes hommes, ouvriers qualifiés, sont devenus enseignants par appétit pour le savoir, par désir permanent de se perfectionner et par volonté de promotion sociale, par humanisme et volonté de communiquer à des adolescents en quête d’avenir le goût de l’effort et de la culture, et de leur faire acquérir une solide formation professionnelle.Et pourtant, l’histoire ne leur avait pas réservé un traitement particulièrement doux : pour parfaire leurs humanités, la France les avait catapultés en Algérie, en Grande Kabylie pour ce qui est d’Albert, pendant vingt-sept mois, pour mener ce qui s’appelle maintenant officiellement la Guerre d’Algérie, de 1954 à 1962.
De cette guerre, certains ne sont pas revenus, d’autres sont revenus, mais broyés physiquement parfois et moralement le plus souvent, d’autres enfin, bien que marqués à jamais par des cicatrices douloureuses, sont revenus plus forts encore dans la confiance dans les possibilités de l’humanité et leur volonté d’en être acteurs et témoins. Il n’allait pas de soi qu’un appelé de vingt ans conserve sa lucidité, sa dignité et sa volonté de ne pas se laisser transformer en machine à mépriser, à tuer, à torturer.
Mais Albert a eu au moins une chance dans la vie, celle de naître dans une famille qui lui a donné les moyens de devenir un homme, lui a donné confiance dans un idéal suffisamment fort pour lui permettre de sortir vivant de cette mécanique mortifère. D’autres jeunes hommes ont eu un parcours analogue et c’est en ce sens que le témoignage d’Albert dépasse sa propre personne.
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Hervé RIGOT-MULLER
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Anne VAILLANT
Anne VAILLANT est née en Saône-et-Loire. Elle a publié poèmes et récits de voyages en revues notamment dans le Cahier de l’Alpe à Grenoble. Elle a donné des lectures en France (Lyon, Grenoble, Nice) et au Québec (Montréal et Trois Rivières). Actuellement, elle vit à Tournus quand elle n’est pas en séjour à Montréal.
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Luc VOGEL
« Le verger de Hadda » de Luc Vogel : un livre miroir et « passe-muraille »
Luc Vogel connaît très bien les questions de l’immigration pour avoir travaillé sur le sujet localement pendant plus de dix ans. Il a ensuite puisé dans les Archives pour des recherches universitaires concernant l’aménagement du territoire de Bourg après guerre. Son mariage avec une femme d’origine marocaine le sensibilise à mieux connaître la vie de ces immigrés, devenus Français, à travers la cité des Dîmes. Les habitants lui ont ouvert la porte pour témoigner de leur vie. « Je n’ai pas voulu écrire un livre trop général exposant des lieux communs sur l’immigration »., explique-t-il.
Portraits
La première partie de son ouvrage retrace l’historique de l’immigration à Bourg depuis l’arrivée des premiers tirailleurs marocains à la caserne Aubry (en 1927), puis des travailleurs du bâtiment et des travaux publics (en majorité Algériens), jusqu’à l’arrivée des familles dans les années 1970. « Les Marocains étaient alors trois fois plus nombreux que les Algériens en 1982. »
La deuxième partie présente la cité des Dîmes, des premiers pavillons construits pour les ouvriers jusqu’à aujourd’hui, avec des témoignages de différents acteurs importants du quartier : M. Clisant, premier directeur de l’école, Ali Abed du réseau d’accueil, d’anciens élus (Paul Morin, Bernard Jaquinod). S’ensuit une contribution, sous forme d’un abécédaire illustré, de trois jeunes femmes qui ont passé leur enfance aux Dîmes.
La dernière partie est composée d’une dizaine de portraits d’immigrés (illustrés de photos et de dessins) de tous âges qui racontent la vie de trois générations : personnes arrivées en France déjà adultes - aujourd’hui retraitées -, d’autres qui ont quitté le Maroc encore enfants, et enfin des personnes nées ici. Luc Vogel s’est aidé d’un questionnaire type portrait chinois pour aborder ces personnages, et pour l’auteur, « ce récit est plus important à livrer que n’importe quel jugement sur l’intégration des immigrés en France ». Écouter ces différences de vécu personnel, puis retranscrire ces portraits d’habitants qui ont bien voulu se confier, ont permis d’apporter une reconnaissance de la place de ces immigrés dans la société française, c’est aussi un moyen de les relier aux autres et à nous-mêmes.
Jardin secret
La petite cité des Dîmes, derrière les peupliers et le béton, cache un jardin secret grâce à ses « habitants ordinaires au destin extraordinaire ». Alors, comme il est écrit dans la présentation de l’ouvrage, « que s’ouvrent enfin les portes du verger de Hadda ». L’auteur a eu besoin de deux ans pour écrire cet ouvrage, il a contacté l’éditeur au départ pour mener à bien son projet. « Alain Gilbert (MG Éditions) a accepté de financer ce premier livre tout en m’apportant des conseils précieux. »
Bourg Habitat a toujours joué un rôle important dans l’accueil de ces populations étrangères. Le bailleur social, dans le cadre de sa communication auprès des habitants, a offert le livre aux locataires lors d’une cérémonie sympathique au cœur du quartier des Dîmes, samedi 18 septembre, en présence du maire Jean-François Debat, et du président du Conseil général Rachel Mazuir, enfant du quartier.
Françoise Montès,
correspondante locale
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Laurence GAUD-LERCH
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ENFIN, SUR LE STAND
DES EDITIONS DE LA CATHERINETTE
Vous pourrez rencontrer
Pierre TRONTIN
Rémi RICHE
et Patrick VEYRET