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SALON DU LIVRE 01 - Page 29

  • CONCOURS DE NOUVELLES 2013

     

    Nous avons reçu un certain nombre de nouvelles pour le concours "13" de cette année 2013.

    Pour donner quelques pistes, voir ci-dessous l'article de Wikipedia sur le sujet...

    N'hésitez pas à aller sur quelques liens, en particulier le dernier en bas de l'article :


    C'est proprement hallucinant (au niveau des recherches faites pour ce livre électronique) !!

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    WIKIPEDIA

    LE NOMBRE 13

     

    En mathématiques

    En base bibi-binaire, sa notation est DA.

    Il existe 13 solides d'Archimède et 13 solides de Catalan leurs polyèdres duaux, sans compter les formes énantiomorphes.

    999 999 divisé par 13 donne exactement 76 923, ce qui entraîne que les fractions dont le dénominateur est 13 ont un groupe de six chiffres qui se répète dans leur développement décimal.

    Par exemple : frac{24}{13}= 1,8461538461538461538461538461538…

    À 13, la fonction de Mertens fixe une nouvelle valeur basse à -3, puis la valeur -4 pour le nombre 31.

    Le dernier chiffre d'un entier est toujours égal au dernier chiffre de sa 13e puissance. (En d'autres termes, n^{13}=n(mod 10)). Cela facilite le calcul mental de la racine treizième d'un nombre de 100 chiffres.

    Superstition sur le nombre 13

    Le nombre 13 est au centre de nombreuses superstitions. Le terme technique pour qualifier la peur du nombre 13 est triskaidékaphobie, et pour la peur du vendredi treize paraskevidékatriaphobie. Pour certaines personnes le nombre 13 peut porter bonheur.

    Origines

    Les nombreuses incidences du nombre 13 dans divers domaines temporels, religieux, historiques ou mathématiques semblent expliquer le caractère mystérieux et les superstitions entourant ce nombre :

    Dans les religions chrétiennes, le chiffre 13 est un symbole à la suite d'une interprétation de la Sainte Cène où Jésus avait réuni les douze Apôtres autour de lui, la treizième personne, Judas, étant le traître qui conduira Jésus à la mort par crucifixion, le chiffre 13 fut associé aux malheurs et aux souffrances de Jésus.

    Pourtant c'est le 13 du mois, du 13 mai au 13 octobre 1917, que la vierge Marie serait apparue à trois bergers dans les landes du village de Fatima (Portugal). Le pape Jean-Paul II, grièvement blessé par balle sur la place Saint-Pierre à Rome le 13 mai 1981, attribua sa survie à l'intervention de Marie lors de sa fête liturgique de Notre-Dame de Fatima.

    La phobie du numéro 13 pourrait provenir de l'Antiquité. Au IVe siècle av. J.-C., Philippe II de Macédoine, eut l'idée d'ajouter sa statue à celle des 12 Dieux. Malheureusement pour lui, il fut assassiné peu de temps après.

    Mem, la treizième lettre de l'alphabet hébreu, est la première lettre du mot "met" (מת) qui signifie mort.

    Il en va de même du Tarot, où la treizième arcane représente un squelette en train de faucher. Dans la symbolique du Tarot de Marseille le 13 peut signifier chasser les anciens schémas pour repartir sur de nouvelles bases, ce qui peut être interprété comme une renaissance.

    Le chiffre 13 représente aussi le nom de cycle menstruel dans une année.

    Les calendriers mayas et aztèques comportaient vingt mois à treize jours : ces sociétés ont disparu des suites de l'invasion espagnole du 16e siècle.

    Le treize suit le chiffre douze, nombre symbolisant accomplissement et cycle achevé et très symbolique dans la mythologie chrétienne où il est un nombre « saint ». Il y a 12 mois dans l'année, 12 heures le jour et 12 la nuit ; il y a 12 signes du zodiaque, 12 dieux dans l'Olympe, 12 travaux d'Hercule, 12 tribus d'Israël et 12 apôtres de Jésus. Le nombre est divisible par 2, 3, 4, ou 6 alors que 13 n'est divisible que par 1 et par lui-même seulement. Treize est plutôt source de déséquilibre et tombe dans une portion opposée du divin, et marque une évolution fatale vers la mort, vers l'achèvement d'une puissance et d'un accomplissement.

    Vendredi 13

    L'origine de la superstition pourrait venir d'une légende nordique. Vendredi était le nom de Frigga, la déesse de l'amour et de la fertilité. Lorsque les tribus nordiques et germaniques se convertissent au christianisme, Frigga est bannie, envoyée au sommet d'une montagne et considérée comme une sorcière. Depuis, chaque vendredi, la déesse pleine de rancune convoquerait douze sorcières et un diable (ils seraient donc treize!) pour comploter de mauvais tours à jouer au cours de la semaine suivante. Reste que, dans l'Antiquité, le vendredi était un jour consacré à la déesse de l'amour, qu'elle s'appelle Aphrodite, Vénus ou Frigga. Ce jour était donc considéré comme le plus gai de la semaine. Par ailleurs, aujourd'hui encore, le vendredi semble être un jour de chance pour certains peuples et communautés religieuses.

    C'est à l'aube du vendredi 13 octobre 1307 que, simultanément sur tout le territoire royal, furent arrêtés les chevaliers du Temple dans leurs commanderies, sur ordre de Philippe IV le Bel. Certains font démarrer la superstition de ce jour funeste qui vit chuter à jamais les plus grands financiers d'Europe, jour célébré dans les structures néo-templières ainsi que le 18 mars 1314 (mort du maître Jacques de Molay).

    Selon certains biblistes, ce serait aussi un vendredi, le « sixième jour » de la création, qu'Adam puis Ève furent créés, puis qu'ils ont croqué dans le fruit interdit (Genèse 1:26-31 rapproché de Genèse 3:1-8). En effet le septième jour, le repos de Dieu, est considéré comme l'explication du repos du Chabbat, le samedi, dans le Décalogue (Exode 20:8-11).

    Dans d'autres domaines

    En France, dans les superstitions, le nombre 13 est généralement considéré comme maléfique, contrairement aux nombres 3 et 7.

    Treize est :

    • Dans les pays de culture anglo-saxonne, l'âge du début de l’adolescence (en anglais, les âges de treize à dix-neuf se terminent par teen, d’où les teenagers).
    • Le numéro atomique de l'aluminium, un métal pauvre.
    • Le nombre de pains dans une « douzaine de boulanger », dans la culture anglo-saxonne.
    • Le code ASCII et Unicode exprimé en base 10 pour le retour chariot.
    • « Malchanceux pour certains », dans le vocabulaire du bingo.
    • Le nombre de dimensions dans certaines théories de la relativité.
    • Le nombre de joueurs dans une équipe d'une variante de rugby, le Rugby à XIII.
    • L’âge de la maturité dans la tradition juive. Un garçon obtient sa Bar Mitsva le sabbat suivant son treizième anniversaire.
    • Le nombre de degrés de la pyramide sur le verso du billet américain d'1 $.
    • Le nombre de colonies d'origine des États-Unis. Le drapeau original possédait treize étoiles, une pour chaque État. De nouvelles étoiles ont été ajoutées depuis, quand un nouvel État a rejoint l’Union, mais l'idée d'ajouter des bandes pour les nouveaux États a été abandonnée, ainsi le drapeau des USA à ce jour possède treize bandes horizontales, six blanches et sept rouges.
    • Le nombre d'étoiles sur le drapeau valaisan, chacune représentant un district.
    • La 13e lune de Jupiter est Élara.
    • Le nombre sur le tatouage des Hells Angels qui fait référence à la lettre M, pour « marijuana ».
    • Au rugby, un des centres, plus souvent, mais pas toujours le centre extérieur, porte le no 13.
    • Années historiques : -13, 13, ou 1913.
    • Ligne 13 Page d'aide sur l'homonymie.
    • Le numéro du département français des Bouches-du-Rhône.
    • Le nombre d'années de mariage des noces de muguet.
    • Le numéro de l'autoroute française A13 qui part de Paris (Porte d'Auteuil) pour atteindre Caen. Elle est appelée Autoroute de Normandie.
    • Une bière brassée à Marseille.
    • Le nombre de desserts à l'occasion de Noël en Provence.
    • Le nombre de personnes à table pendant la Cène.
    • Durée de la semaine aztèque.
    • La treizième carte du Tarot de Marseille symbolise la Mort par extension symbolise aussi une forme de renaissance.
    • Le nom de la bande dessinée, XIII, de William Vance et Jean Van Hamme publiée chez Dargaud dont le héros est un amnésique à la recherche de son identité.
    • Le numéro de Train Heartnet, tatoué sur sa clavicule, héros du manga Black Cat.
    • Le nombre cité dans le film le 13e Guerrier.
    • Le nombre cité dans la malédiction supposément jetée au roi par le dernier Maître de l'Ordre des templiers (Jacques de Molay) : « Soyez maudits jusqu'à la 13e génération ! ». Cela dit, il n'y aucune certitude de ces dires, car cette malédiction (qui assigne le roi et le pape « au tribunal de Dieu avant un an ») apparaît très tardivement dans les textes ; et si elle n'a pas été inventée et qu'il ne s'agit pas là d'une simple légende, il est fort probable qu'elle ait été transformée, étoffée avec le temps, pour rappeler le jour de l'arrestation. Maurice Druon en fera la base de ses Rois maudits.
    • Certains millénaristes estimaient que la fin du monde aurait lieu le 21 décembre 2012, date correspondant à la fin du calendrier maya en compte long, soit 13.0.0.0.0.
    • Le nom d'un jeu de cartes, le Treize.
    • Le surnom d'un personnage (Remy Hadley) de la série Docteur House.
    • Le nombre en chiffres romains tatoué sur l'épaule de Red XIII, un des protagonistes de Final Fantasy VII.
    • Le nombre de types de triangles amoureux.

    Références

    1.   http://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/Main/TriangRelations 

    2.   Articles connexes

    Liens externes

  • Edition papier du recueil de Nouvelles du salon 2012

    On avance...

    C'est en cours au niveau de Edilivre.

    Le manuscrit a été envoyé, ainsi que le formulaire de partenariat.

    A noter qu'Edilivre sera de nouveau avec nous en 2013.

  • Nouvelle arrivée en troisième place

    EAU KILLER, de Valérie Simon.

     

    Vince Romero rentra le gyrophare et, verrouillant sa voiture de fonction, avança tranquillement vers la plage. Une bordure de palmiers oscillait lentement dans le sirocco, le ciel était très bleu, très beau, et le soleil déjà bien chaud. Cannes ressemblait plus que jamais à une carte postale idyllique. Des journalistes l’attendaient.

    « C’est un meurtre ou un accident ? » vociférèrent-ils en tendant leurs micros. Il se tourna vers quelques gendarmes qui attendaient à l’ombre des lauriers roses.

    « Virez-moi tout ce monde ! »

    Sans se soucier des protestations qui fusèrent, Vince avança vers le front de mer. Les scientifiques du laboratoire d’investigations avaient tendu des draps pour soustraire le corps aux yeux des curieux. Vince aperçut une chair blanche recouverte de grosses algues rouges qui dégageaient une odeur épouvantable.

    Une femme. Nue.

    « Un accident ? »

    Sarah Simons, la médecin légiste, était accroupie au-dessus du cadavre. Ses mains palpaient la peau exsangue avec autant de légèreté qu’un papillon. Elle leva les yeux, sourit brièvement au jeune inspecteur.

    « Salut, Vince. Elle s’est noyée, c’est sûr, mais le corps a été déposé ici, dans le sable sec, soigneusement enduit de crème solaire et décoré avec ces algues titanophoras arrachées des fonds marins. De loin, on dirait des zébrures de sang. Je pencherai donc pour un meurtre. »

    La noyée ressemblait à une caricature macabre de la petite sirène. Vince fureta aux alentours, recueillant quelques témoignages : la jeune femme avait été vue en vie pour la dernière fois la veille au soir, en train de lire dans un transat. Le livre avait été retrouvé intact, en bordure de mer. Le corps reposait à l’extrémité de la plage comme s’il avait été déposé au sec par une marée imaginaire. Il n’avait été ni torturé, ni lesté d’une dalle en béton, ce qui excluait d’office les règlements de compte mafieux.

    Vince rentra au commissariat pour attendre le rapport médico-légal. Peut-être s’agissait-il d’un crime sexuel ?

    Dans l’après-midi, on l’appela sur une autre affaire : un éleveur de poulets avait été découvert noyé dans le ruisseau qui traversait ses champs. Il déversait à cet endroit les déjections de ses volailles qui, sous l’effet de l’humidité et de la chaleur, se transformaient en un marécage nauséabond. L’homme avait chuté dans un trou peu profond et des lentilles d’eau s’étaient introduites dans ses orifices respiratoires jusqu’à ce qu’il en meure.

    « Accident ou meurtre ? » questionna Vince, et la jolie médecin légiste haussa les épaules avec perplexité :

    « Je pencherai pour un accident. Il n’y a aucune trace de violence autre que la noyade… 

    - Comment peut-on se noyer dans un aussi petit ruisseau ? 

    - Sans doute un malaise. L’autopsie nous le révèlera. »

    Elle referma sa sacoche et partit sous le soleil de plomb sans que Vince ne trouve le courage de l’inviter à dîner. Il s’apprêtait à rentrer chez lui lorsque son bip lui signala un troisième accident : un yacht avait subi un inexplicable assaut de vagues et tous les passagers avaient été jetés par-dessus bord. L’évènement s’était déroulé à quelques encablures du port, dans cette heure un peu sombre qui précède la nuit, devant de nombreux témoins. Les garde-côtes ratissaient encore la mer à la recherche de corps.

    Vince gagna les lieux du drame sous un ciel noir zébré de rouge. Vers l’horizon, là où le soleil venait de disparaître, des nuées s’attardaient en colorant d’hémoglobine un ciel torturé. Un reste de lumière y prenait des clartés de plomb fondu. Le jeune inspecteur de police frissonna.

    « C’est dingue… » commenta le capitaine des garde-côtes. « Il n’y a aucun survivant. 

    - Que s’est-il passé ? »

    Le garde-côte eut au fond des yeux une lueur presque craintive.

    « Me croirez-vous ? »

    Apparemment, le yacht avait été victime d’une micro-tempête particulièrement dévastatrice : en l’espace de quelques minutes, la mer s’était mise à bouillonner, des vagues monstrueuses s’étaient levées, et le bateau avait été submergé. Les passagers, visiblement éméchés, étaient tous tombés à l’eau pour s’y noyer.

    « La côte n’est qu’à cent mètres !

    - Les témoins disent que la mer les retenait. »

    Vince regarda le garde-côte avec incrédulité.

    « Vous ne croyez tout de même pas ces fadaises de marin superstitieux !

    - J’ai trente personnes qui racontent la même chose. »

    Vince se tourna vers la mer et observa le miroir étale sur lequel se reflétaient les premières étoiles.

    « La mer n’est jamais innocente… » ajouta le garde-côte.

    Vince frissonna.

    La journée suivante ne fut guère plus calme : un pépiniériste avait été contraint d’avaler un tuyau d’arrosage par lequel on avait fait couler de l’eau jusqu’à ce qu’il meure, puis le patron d’une usine de recyclage s’était noyé dans un étang en tombant d’une barque. Il avait coulé à pic, les tiges des nénuphars l’avaient maintenu au fond et une anguille lui avait gobé l’œil. Ensuite, le directeur d’une société d’assainissement des eaux usées s’était encastré avec sa Ferrari contre une falaise fragilisée par des pluies localisées. Une énorme masse de gravats s’est écoulée sur la voiture, écrasant les tôles, bouchant toutes les aérations, et l’homme était mort asphyxié.

    La liste ne s’arrêtait plus... A midi, Vince s’installa sur un banc public pour avaler un sandwich. Des étudiants discutaient à proximité :

    « Vous avez vu les infos ?

    - C’est dingue, cette vague de noyades !

    - S’agit-il vraiment de coïncidences ? Vous avez vu le ciel ? »

    Le ciel était rouge comme un coucher de soleil.

    Vince retourna au bureau, appela la jeune médecin légiste.

    « Sarah, croyez-vous à un tueur en série ? »

    Il attendait une moquerie, il reçut en échange un silence éloquent.

    « Si vous pensez que l’eau est le tueur alors, oui, ce sont des meurtres en série. »

    Vince ne la connaissait pas suffisamment pour savoir si elle plaisantait. Il insista :

    « Un tueur qui utiliserait de l’eau ? 

    - Il n’y a aucune main humaine derrière ces morts à répétition. D’ailleurs, si j’étais vous, j’éviterai de m’approcher de l’eau dans les prochains temps ! »

    Son rire coulait comme une source claire. Mis en confiance, Vince trouva le courage de l’inviter à dîner le soir même. A sa grande surprise, elle accepta d’emblée.

    « Nous pourrions aller à la paillote de la plage… » suggéra-t-il en imaginant qu’une ambiance romantique comblerait la jeune femme.

    « Je préfèrerai dans l’arrière-pays. Vraiment, pour moi, la plage ressemble à une morgue. Vous ne pouvez imaginer le nombre de corps que j’ai dû examiner sur ces quelques mètres carrés de sable blanc. Alors, si je pouvais tout oublier le temps d’une agréable soirée. »

    Il promit, charmé d’être considéré comme un potentiel de soirée agréable.

    L’après-midi fut ponctuée par d’autres accidents ; les dépêches tombaient, les morts s’accumulaient. Un émir arabe se noya dans sa piscine, le chèche aspiré par le filtre. Une famille pique-niquant au bord d’une rivière périt noyée dans une crue inattendue et éphémère. A partir de 17 heures, un flash d’infos passa en boucle lorsque le Génésis, énorme paquebot de plaisance, s’échoua inexplicablement sur un récif qui bordait l’île d’If et coula par trois cents mètres de fond avec les deux tiers de ses passagers bloqués dans leurs cabines.

     « Que se passe-t-il ? Le monde est-il devenu fou ? » s’insurgea le commissaire en tendant une main nerveuse vers la télévision qui, allumée en permanence dans son bureau, n’offrait que des news alarmistes. « Avez-vous vu les informations ? C’est à rien n’y comprendre… Et ce ciel ! On dirait du sang… »

    Fasciné par l’écran, Vince voyait des moussons hors saison succéder à des tsunamis, des tornades rivaliser avec des crues de rivières colossales. En Egypte, le barrage d’Assouan avait cédé, dévastant les rives surpeuplées du Nil. Aux Pays-Bas, les digues qui faisaient la fierté de ce plat pays avaient rompu et de nombreuses villes étaient submergées tandis que le reste du pays, privé d’électricité, proclamait l’état d’urgence. En Russie, des incendies gigantesques émergeaient de la tourbe des forêts où ils couvaient, attisés par la sécheresse. Une vague de trente mètres avait ravagé la côte est des Etats-Unis. Sans parler des coulées de boue, des débordements du moindre ruisseau, des inondations au Bengladesh et des îles polynésiennes rayées de la carte par une soudaine montée du Pacifique.

    L’humanité se noyait.

    Vince regarda dehors. La nuit arrivait. Le ciel était lourd, plombé d’orages. Au-dessus des Alpilles, des éclairs monstrueux couronnaient la garrigue en colorant les nuages de lueurs sanglantes. Ces catastrophes n’étaient pas du ressort de la police criminelle, le commissaire parlait pour ne rien dire, Vince partit sous une pluie diluvienne. Il remonta le col de sa chemise, se réfugia dans sa voiture. Les rues devenaient des torrents ; il partit chercher Sarah en ne voyant pas à dix mètres. La nuit s’était effondrée sur Cannes, comme une tâche d’encre tombée des cieux. « La mort est sur nous ! » hurlait un prédicateur accroché à un lampadaire éteint.

    Sarah l’attendait sous le porche de son immeuble, réfugiée dans un ciré jaune qui la faisait ressembler à un pêcheur breton.

    « Les fusibles ont sauté, il n’y a plus de sonnette, » dit-elle en s’engouffrant avec hâte dans la voiture.

    « Sarah, nous devrions monter dans les collines. Je crois que quelque chose de terrible est en train de se préparer. »

    Elle observa son profil se découper comme une tâche claire sur la nuit de la vitre.

    « L’eau ? » souffla-t-elle en se perdant dans le va-et-vient hypnotique des essuie-glaces.

    Il sortit de la ville. La voiture semblait lutter contre un monde apocalyptique, les routes étaient des torrents, le paysage sans électricité ressemblait à un gouffre dénué de sortie où tout se serait mis à couler.

    « Ne regarde pas derrière toi, » dit-il en s’accrochant au volant. Sarah se tassa dans son siège.

    « La mer est en train de sortir de son lit. »

  • PHOTOS EN LIGNE

    Elles sont dans l'album "Auteurs présents en 2012".

    Il en manque quelques-unes pour cause de flou, ou parce qu'elles ont été prises alors que l'auteur(e) était déjà parti(e).

    Ce sera pour une autre fois...

    Bonne découverte de ceta album.

    RAPPEL : Prochain Salon le 13 octobre 2013. Vous pouvez déjà vous inscrire, comme quelques auteurs l'ont fait.

  • NOUVELLE ARRIVEE SECONDE

     LA DERNIERE NUIT  -  Pierre Aubry

    Le crépuscule tombait. Une première étoile apparut dans le ciel d’été au moment où Sharon Mill atteignait le panneau d’entrée de la ville ; « Winfield – Pennsylvanie – 2977 habitants ». Le dernier réverbère dessinait devant elle sur la route assombrie une ombre qui s’allongeait à mesure qu’elle faiblissait. Elle s’engagea sur le sentier de pierres qui menait à sa maison, une haute bâtisse isolée qui se trouvait à un demi‑mile de l’agglomération. Un bruit dans les fourrés la fit sursauter. Elle fut rassurée en voyant sortir d’un buisson Tom, le chat d’Orson, l’étudiant qui travaillait de nuit à la station d’essence située en contrebas de sa maison. Au détour d’un virage, elle aperçut la lumière qui éclairait les fenêtres du salon et se sentit rassérénée. Pressant le pas, elle atteignit bientôt la balustrade de planches, ouvrit la porte avec impatience, et pénétra en hâte dans la pièce illuminée.

    Une feuille était posée sur la table de chêne :

    « Miss Sharon – j’ai réparé votre chauffe-eau. Tournez fort pour allumer la veilleuse. J’ai laissé la lumière allumée, comme vous me l’avez demandé. La lampe du frigo est grillée, je vous la remplacerai demain. Votre dévoué, Sonny. »

    Elle se servit un verre d’eau, fit réchauffer une pizza qu’elle engloutit avec appétit, puis s’allongea sur le canapé après s’être débarrassée de ses chaussures à talons plats. Elle brancha la radio sur une station de musique classique, et laissa divaguer ses pensées.

    « Ce brave Sonny, il est bien gentil. Et beau garçon, s’il n’avait pas les cheveux si longs et mal peignés. Dommage qu’il ait de si mauvaises fréquentations ; des hooligans, des filles… faciles. Il s’intéresse à moi, c’est sûr ; mais il risque d’attendre longtemps avant d’obtenir ce qu’il cherche. J’ai déjà réussi à le convaincre d’aller à l’office tous les dimanches, c’est déjà ça ! Même s’il ne le fait que pour moi. »

    Sharon Mill, étendue sur la moleskine marron du sofa dans une pose on ne peut moins lascive, les genoux serrés, engoncée dans une longue robe de toile grise, n’aurait éveillé aucun intérêt chez le plus concupiscent des observateurs. Et pourtant… En défaisant son chignon sévère, en déchaussant ses lunettes à monture de fer et aux petits verres ronds, en troquant ses larges oripeaux, ses chaussettes de laine écrue, pour une tenue affriolante, elle n’aurait pas démérité dans un concours de miss.

    « Quand viendra-t-il, celui que j’attends ? Bon mari, bon chrétien, droit et juste. Et, si le Seigneur m’interdit de le rencontrer un jour, je resterai vieille fille. Tant pis… ou tant mieux ! »

    Depuis la mort de ses parents, survenue cinq ans plus tôt, Sharon vivait seule et recluse, sans télé, et consacrait sa vie à des actions de charité. Dans cette optique, elle avait accepté un travail dans une filiale de l’église luthérienne, dont elle se consolait de l’ennui en considérant sa mission divine.

    Soudain, la sonate de Chopin fut interrompue par un grésillement désagréable. Elle se redressa et, au moment où elle s’apprêtait à tourner le bouton de fréquence, entendit une voix qui lui glaça le sang :

    « Nous interrompons votre émission pour une information de la plus haute importance. Restez à l’écoute…

    - C’est le président qui vous parle (la voix, déformée par l’émotion, était méconnaissable). Chers citoyens, nous vivons en ce moment les heures les plus graves qu’aient connues notre pays… »

    Le cœur de Sharon se mit à battre très fort. Elle parcourut les fréquences ; partout le même programme était diffusé.

    « … A cette attaque nous avons riposté. Il n’y a aucun doute sur l’identité de l’agresseur. Des centaines de missiles intercontinentaux ont été lancés depuis la Russie occidentale et la Sibérie. L’agression est d’autant plus lâche que, depuis des années, nos ennemis d’aujourd’hui ne cessaient de feindre d’œuvrer avec nous dans la voie du démantèlement de l’arsenal nucléaire. La catastrophe que nous redoutons tous depuis le début de la guerre froide va s’accomplir. Je ne puis que vous exhorter au courage et au pardon. Adieu, et God bless America ! »

    Sharon se sentit envahie par une vague de désespoir et de compassion qui firent place à une immense colère. Elle se mit à hurler.

    Puis, une fugitive lueur d’espoir illumina son esprit ; et s’il s’agissait d’une erreur ? D’une confusion qui aurait provoqué la diffusion d’un message enregistré à l’avance ?

    La voix du président avait laissé la place à celle d’un homme qui se présentait comme le chef d’état major. Il annonçait, d’une voix monocorde et très militaire l’évolution de la situation :

    « Une faible partie des missiles a été interceptée par notre défense, mais la quantité est trop grande pour que cette action ait un effet notable. D’après nos estimations, la côte ouest sera atteinte dans deux heures, et la côte est dans une heure quarante. Tout laisse augurer que le pays entier sera rayé de la carte. Plusieurs villes d’Europe, de part et d’autre, ont déjà été détruites : Londres, Paris, Strasbourg, Moscou, Varsovie, Prague… »

    Elle se résigna après avoir réfléchi : une erreur ou une supercherie n’aurait pu occuper toutes les fréquences. Il ne pouvait s’agir que d’un plan prévu par le gouvernement pour avertir la population. Et pourquoi au fond ? Il n’y avait rien à faire ! Et les propos tenus, décrivant la situation présente, ne pouvaient être pré-enregistrés.

    Elle monta à l’étage, sa radio à la main, éteignit le poste, et pria. Puis elle contempla de la fenêtre le beau ciel nocturne, piqueté d’étoiles. Bientôt, on y verrait apparaître des points lumineux et mobiles : les fusées qui apporteraient la mort depuis l’autre côté de l’océan.

    Elle ralluma la radio. La voix continuait d’égrener des nouvelles, qui n’avaient finalement aucune importance :

    « … aucun continent n’est épargné. Des puissances dont on ignorait jusqu’alors qu’elles possédaient l’arme atomique, sont entrées dans la guerre par le jeu des alliances. Le Cap, Johannesburg, Lagos, Tel‑Aviv, Damas, Sao Paulo, Buenos Aires, n’existent plus… »

    Une immense révolte contre la stupidité humaine s’empara de son esprit. Des images s’imposaient à sa pensée ; la fin de « docteur Strangelove » où fleurissent les champignons atomiques sur fond de musique douce, les atroces vue d’Hiroshima sur la couverture d’un magazine où il était écrit que les puissances nucléaires avaient de quoi faire sauter 50 fois la planète, le long hiver qui succéderait à l’Apocalypse et anéantirait toute trace de vie sur terre… Elle courut vers le buffet du salon où traînait dans la vitrine une bouteille de bourbon qu’elle réservait pour l’occasion improbable d’une visite. Elle la décapsula et but au goulot une grande rasade en faisant la grimace. Sa bouche, enflammée par la brûlure de l’alcool auquel elle n’était pas habituée, s’anesthésiait peu à peu. Elle porta de nouveau la bouteille à ses lèvres. Puis encore…

    Soudain, un bruit la fit sursauter. On frappait à la porte d’entrée. Elle courut l’ouvrir. Devant elle se tenait Sonny, la mine défaite.

    « Bonsoir Mamzelle, vous savez c’qui s’passe ?

    - Oui, entre. »

    Elle désigna la bouteille posée sur la table

    « Bois, ça te donnera du courage ».

    Le garçon, qui affichait d’ordinaire une pose si assurée, proche de l’arrogance, paraissait tellement faible et emprunté, qu’elle en oublia sa propre détresse. Elle était en face d’un être qui concentrait en lui toute la compassion qu’elle ressentait pour l’Humanité entière.

     

    Sonny bredouilla :

    « On va mourir, Mamzelle. Comme c’est fini… J’ai quelque chose à vous dire… »

     Elle lui arracha la bouteille des mains et, dans un mouvement de folie, déboutonna un à un les boutons de sa chemise.

     L’étreinte fut torride et sauvage. Sharon connut des sensations qu’elle n’aurait jamais soupçonnées. Elle voguait dans un espace inconnu qui lui faisait oublier la situation catastrophique. Elle se moquait de la mort, des missiles qui tomberaient bientôt, seulement satisfaite d’avoir connu au moins une fois dans sa vie, cette nuit qui serait la dernière, l’intimité avec un homme. Bizarrement, sous l’effet de l’alcool, de l’émotion, du plaisir, elle s’endormit d’un coup en serrant très fort Sonny dans ses bras.

    Un flot de violente lumière pénétra ses yeux à travers ses paupières closes. Elle les ouvrit, éblouie. Le soleil, sortant d’un nuage, entrait par la fenêtre. Elle était seule au milieu des draps froissés. Dehors les oiseaux chantaient. Elle s’assit au bord du lit.

    Quand elle eut compris, elle se saisit du transistor et le balança contre le mur où il explosa ; laissant apparaître des épissures de chatterton enserrant les fils électriques.

    On était en 1985, l’armée soviétique occupait toujours l’Afghanistan, les relations entre USA et URSS n’étaient pas au beau fixe, après le boycott des jeux olympiques, mais les négociations sur le désarmement étaient en bonne voie. L’hypothèse d’une apocalypse nucléaire semblait s’éloigner.

    Orson, après avoir reçu les 1000 dollars qui étaient l’enjeu de son pari, fut pris de remord et quitta Winfield pour New York, où il termina brillamment ses études d’électronique.

    Sharon, dévorée de honte, ne sortit pas de sa maison pendant les trois jours qui suivirent. Elle ressentit envers Orson une immense haine qui s’estompa au fil des mois. Elle resta célibataire, mais ne dédaigna pas d’entretenir des relations intimes avec quelques garçons sérieux.

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     Bien des années plus tard, un matin de septembre, dans son appartement de Boston, Sharon avalait machinalement ses œufs au bacon, fascinée par les images que diffusait la télévision. On sonna à la porte ; elle ouvrit. Son voisin de pallier, un fringant quinquagénaire qui lui avait réparé son poste la semaine précédente, et qui la courtisait assidûment,  se tenait devant le seuil, la mine décomposée. Le visage de Sharon s’éclaira et elle lui lança :

     - Ah ! Je vous vois venir vous ! On m’a déjà fait le coup !

     

     

    Il prit un air ahuri devant cet étrange sourire ; tandis que sur l’écran, derrière elle, la deuxième tour du World Trade Center s’abattait dans une explosion de poussière.

     

  • UNE BELLE REUSSITE CETTE ANNEE ENCORE

    Quelques coupures de presses le lendemain du Salon qui vit la foule des années précédentes, même si les achats furent en-dessous de ce qu'on pouvait attendre... Mais une certaine crise continue à faire des ravages !

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