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SALON DU LIVRE 01 - Page 16

  • COUP DE CHAPEAU A LA LIBRAIRIE DU THEATRE

    Lydie Zannini, que d'aucuns apprécient dans sa librairie de Bourg en Bresse, et d'autres à l'émission "La Grande Librairie", nous gâte pour ce Salon 2013.

    Qu'on en juge par l'affiche ad hoc qu'elle diffuse un peu partout:

    affiche theatre.jpg

  • ON S'APPROCHE... On s'approche de plus en plus

    Bonjour à tous...

    Après quelques mois sans nouvelles, pour cause de surbooking (quel mot bizarre!) à cause d'un Son et Lumière de trois semaines, et d'autres projets perso, voici des nouvelles du Salon 2013.

    ON EST PRESQUE COMPLET !

    Quelques 85 auteurs seront présents.

    La Liste ici dans peu de temps, c'est promis.

    Le concours de nouvelles 2013 est bouclé, on connait les gagnants (vous les connaîtrez le 13 octobre à midi, ainsi que le texte de la nouvelle désignée par les 10 membres du jury qui ont dévoré les 63 textes reçus.

    Pour l'heure, une mise en bouche: l'affiche définitive du Salon, clin d’œil aux "foutraquitudes" de la fin 2012 !!!!!

    AFFICHE-DEF-Coul-1-pm.jpg

  • CONCOURS DE NOUVELLES 2013

     

    Nous avons reçu un certain nombre de nouvelles pour le concours "13" de cette année 2013.

    Pour donner quelques pistes, voir ci-dessous l'article de Wikipedia sur le sujet...

    N'hésitez pas à aller sur quelques liens, en particulier le dernier en bas de l'article :


    C'est proprement hallucinant (au niveau des recherches faites pour ce livre électronique) !!

    -----------------------------------------------------------------------

    WIKIPEDIA

    LE NOMBRE 13

     

    En mathématiques

    En base bibi-binaire, sa notation est DA.

    Il existe 13 solides d'Archimède et 13 solides de Catalan leurs polyèdres duaux, sans compter les formes énantiomorphes.

    999 999 divisé par 13 donne exactement 76 923, ce qui entraîne que les fractions dont le dénominateur est 13 ont un groupe de six chiffres qui se répète dans leur développement décimal.

    Par exemple : frac{24}{13}= 1,8461538461538461538461538461538…

    À 13, la fonction de Mertens fixe une nouvelle valeur basse à -3, puis la valeur -4 pour le nombre 31.

    Le dernier chiffre d'un entier est toujours égal au dernier chiffre de sa 13e puissance. (En d'autres termes, n^{13}=n(mod 10)). Cela facilite le calcul mental de la racine treizième d'un nombre de 100 chiffres.

    Superstition sur le nombre 13

    Le nombre 13 est au centre de nombreuses superstitions. Le terme technique pour qualifier la peur du nombre 13 est triskaidékaphobie, et pour la peur du vendredi treize paraskevidékatriaphobie. Pour certaines personnes le nombre 13 peut porter bonheur.

    Origines

    Les nombreuses incidences du nombre 13 dans divers domaines temporels, religieux, historiques ou mathématiques semblent expliquer le caractère mystérieux et les superstitions entourant ce nombre :

    Dans les religions chrétiennes, le chiffre 13 est un symbole à la suite d'une interprétation de la Sainte Cène où Jésus avait réuni les douze Apôtres autour de lui, la treizième personne, Judas, étant le traître qui conduira Jésus à la mort par crucifixion, le chiffre 13 fut associé aux malheurs et aux souffrances de Jésus.

    Pourtant c'est le 13 du mois, du 13 mai au 13 octobre 1917, que la vierge Marie serait apparue à trois bergers dans les landes du village de Fatima (Portugal). Le pape Jean-Paul II, grièvement blessé par balle sur la place Saint-Pierre à Rome le 13 mai 1981, attribua sa survie à l'intervention de Marie lors de sa fête liturgique de Notre-Dame de Fatima.

    La phobie du numéro 13 pourrait provenir de l'Antiquité. Au IVe siècle av. J.-C., Philippe II de Macédoine, eut l'idée d'ajouter sa statue à celle des 12 Dieux. Malheureusement pour lui, il fut assassiné peu de temps après.

    Mem, la treizième lettre de l'alphabet hébreu, est la première lettre du mot "met" (מת) qui signifie mort.

    Il en va de même du Tarot, où la treizième arcane représente un squelette en train de faucher. Dans la symbolique du Tarot de Marseille le 13 peut signifier chasser les anciens schémas pour repartir sur de nouvelles bases, ce qui peut être interprété comme une renaissance.

    Le chiffre 13 représente aussi le nom de cycle menstruel dans une année.

    Les calendriers mayas et aztèques comportaient vingt mois à treize jours : ces sociétés ont disparu des suites de l'invasion espagnole du 16e siècle.

    Le treize suit le chiffre douze, nombre symbolisant accomplissement et cycle achevé et très symbolique dans la mythologie chrétienne où il est un nombre « saint ». Il y a 12 mois dans l'année, 12 heures le jour et 12 la nuit ; il y a 12 signes du zodiaque, 12 dieux dans l'Olympe, 12 travaux d'Hercule, 12 tribus d'Israël et 12 apôtres de Jésus. Le nombre est divisible par 2, 3, 4, ou 6 alors que 13 n'est divisible que par 1 et par lui-même seulement. Treize est plutôt source de déséquilibre et tombe dans une portion opposée du divin, et marque une évolution fatale vers la mort, vers l'achèvement d'une puissance et d'un accomplissement.

    Vendredi 13

    L'origine de la superstition pourrait venir d'une légende nordique. Vendredi était le nom de Frigga, la déesse de l'amour et de la fertilité. Lorsque les tribus nordiques et germaniques se convertissent au christianisme, Frigga est bannie, envoyée au sommet d'une montagne et considérée comme une sorcière. Depuis, chaque vendredi, la déesse pleine de rancune convoquerait douze sorcières et un diable (ils seraient donc treize!) pour comploter de mauvais tours à jouer au cours de la semaine suivante. Reste que, dans l'Antiquité, le vendredi était un jour consacré à la déesse de l'amour, qu'elle s'appelle Aphrodite, Vénus ou Frigga. Ce jour était donc considéré comme le plus gai de la semaine. Par ailleurs, aujourd'hui encore, le vendredi semble être un jour de chance pour certains peuples et communautés religieuses.

    C'est à l'aube du vendredi 13 octobre 1307 que, simultanément sur tout le territoire royal, furent arrêtés les chevaliers du Temple dans leurs commanderies, sur ordre de Philippe IV le Bel. Certains font démarrer la superstition de ce jour funeste qui vit chuter à jamais les plus grands financiers d'Europe, jour célébré dans les structures néo-templières ainsi que le 18 mars 1314 (mort du maître Jacques de Molay).

    Selon certains biblistes, ce serait aussi un vendredi, le « sixième jour » de la création, qu'Adam puis Ève furent créés, puis qu'ils ont croqué dans le fruit interdit (Genèse 1:26-31 rapproché de Genèse 3:1-8). En effet le septième jour, le repos de Dieu, est considéré comme l'explication du repos du Chabbat, le samedi, dans le Décalogue (Exode 20:8-11).

    Dans d'autres domaines

    En France, dans les superstitions, le nombre 13 est généralement considéré comme maléfique, contrairement aux nombres 3 et 7.

    Treize est :

    • Dans les pays de culture anglo-saxonne, l'âge du début de l’adolescence (en anglais, les âges de treize à dix-neuf se terminent par teen, d’où les teenagers).
    • Le numéro atomique de l'aluminium, un métal pauvre.
    • Le nombre de pains dans une « douzaine de boulanger », dans la culture anglo-saxonne.
    • Le code ASCII et Unicode exprimé en base 10 pour le retour chariot.
    • « Malchanceux pour certains », dans le vocabulaire du bingo.
    • Le nombre de dimensions dans certaines théories de la relativité.
    • Le nombre de joueurs dans une équipe d'une variante de rugby, le Rugby à XIII.
    • L’âge de la maturité dans la tradition juive. Un garçon obtient sa Bar Mitsva le sabbat suivant son treizième anniversaire.
    • Le nombre de degrés de la pyramide sur le verso du billet américain d'1 $.
    • Le nombre de colonies d'origine des États-Unis. Le drapeau original possédait treize étoiles, une pour chaque État. De nouvelles étoiles ont été ajoutées depuis, quand un nouvel État a rejoint l’Union, mais l'idée d'ajouter des bandes pour les nouveaux États a été abandonnée, ainsi le drapeau des USA à ce jour possède treize bandes horizontales, six blanches et sept rouges.
    • Le nombre d'étoiles sur le drapeau valaisan, chacune représentant un district.
    • La 13e lune de Jupiter est Élara.
    • Le nombre sur le tatouage des Hells Angels qui fait référence à la lettre M, pour « marijuana ».
    • Au rugby, un des centres, plus souvent, mais pas toujours le centre extérieur, porte le no 13.
    • Années historiques : -13, 13, ou 1913.
    • Ligne 13 Page d'aide sur l'homonymie.
    • Le numéro du département français des Bouches-du-Rhône.
    • Le nombre d'années de mariage des noces de muguet.
    • Le numéro de l'autoroute française A13 qui part de Paris (Porte d'Auteuil) pour atteindre Caen. Elle est appelée Autoroute de Normandie.
    • Une bière brassée à Marseille.
    • Le nombre de desserts à l'occasion de Noël en Provence.
    • Le nombre de personnes à table pendant la Cène.
    • Durée de la semaine aztèque.
    • La treizième carte du Tarot de Marseille symbolise la Mort par extension symbolise aussi une forme de renaissance.
    • Le nom de la bande dessinée, XIII, de William Vance et Jean Van Hamme publiée chez Dargaud dont le héros est un amnésique à la recherche de son identité.
    • Le numéro de Train Heartnet, tatoué sur sa clavicule, héros du manga Black Cat.
    • Le nombre cité dans le film le 13e Guerrier.
    • Le nombre cité dans la malédiction supposément jetée au roi par le dernier Maître de l'Ordre des templiers (Jacques de Molay) : « Soyez maudits jusqu'à la 13e génération ! ». Cela dit, il n'y aucune certitude de ces dires, car cette malédiction (qui assigne le roi et le pape « au tribunal de Dieu avant un an ») apparaît très tardivement dans les textes ; et si elle n'a pas été inventée et qu'il ne s'agit pas là d'une simple légende, il est fort probable qu'elle ait été transformée, étoffée avec le temps, pour rappeler le jour de l'arrestation. Maurice Druon en fera la base de ses Rois maudits.
    • Certains millénaristes estimaient que la fin du monde aurait lieu le 21 décembre 2012, date correspondant à la fin du calendrier maya en compte long, soit 13.0.0.0.0.
    • Le nom d'un jeu de cartes, le Treize.
    • Le surnom d'un personnage (Remy Hadley) de la série Docteur House.
    • Le nombre en chiffres romains tatoué sur l'épaule de Red XIII, un des protagonistes de Final Fantasy VII.
    • Le nombre de types de triangles amoureux.

    Références

    1.   http://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/Main/TriangRelations 

    2.   Articles connexes

    Liens externes

  • Edition papier du recueil de Nouvelles du salon 2012

    On avance...

    C'est en cours au niveau de Edilivre.

    Le manuscrit a été envoyé, ainsi que le formulaire de partenariat.

    A noter qu'Edilivre sera de nouveau avec nous en 2013.

  • Nouvelle arrivée en troisième place

    EAU KILLER, de Valérie Simon.

     

    Vince Romero rentra le gyrophare et, verrouillant sa voiture de fonction, avança tranquillement vers la plage. Une bordure de palmiers oscillait lentement dans le sirocco, le ciel était très bleu, très beau, et le soleil déjà bien chaud. Cannes ressemblait plus que jamais à une carte postale idyllique. Des journalistes l’attendaient.

    « C’est un meurtre ou un accident ? » vociférèrent-ils en tendant leurs micros. Il se tourna vers quelques gendarmes qui attendaient à l’ombre des lauriers roses.

    « Virez-moi tout ce monde ! »

    Sans se soucier des protestations qui fusèrent, Vince avança vers le front de mer. Les scientifiques du laboratoire d’investigations avaient tendu des draps pour soustraire le corps aux yeux des curieux. Vince aperçut une chair blanche recouverte de grosses algues rouges qui dégageaient une odeur épouvantable.

    Une femme. Nue.

    « Un accident ? »

    Sarah Simons, la médecin légiste, était accroupie au-dessus du cadavre. Ses mains palpaient la peau exsangue avec autant de légèreté qu’un papillon. Elle leva les yeux, sourit brièvement au jeune inspecteur.

    « Salut, Vince. Elle s’est noyée, c’est sûr, mais le corps a été déposé ici, dans le sable sec, soigneusement enduit de crème solaire et décoré avec ces algues titanophoras arrachées des fonds marins. De loin, on dirait des zébrures de sang. Je pencherai donc pour un meurtre. »

    La noyée ressemblait à une caricature macabre de la petite sirène. Vince fureta aux alentours, recueillant quelques témoignages : la jeune femme avait été vue en vie pour la dernière fois la veille au soir, en train de lire dans un transat. Le livre avait été retrouvé intact, en bordure de mer. Le corps reposait à l’extrémité de la plage comme s’il avait été déposé au sec par une marée imaginaire. Il n’avait été ni torturé, ni lesté d’une dalle en béton, ce qui excluait d’office les règlements de compte mafieux.

    Vince rentra au commissariat pour attendre le rapport médico-légal. Peut-être s’agissait-il d’un crime sexuel ?

    Dans l’après-midi, on l’appela sur une autre affaire : un éleveur de poulets avait été découvert noyé dans le ruisseau qui traversait ses champs. Il déversait à cet endroit les déjections de ses volailles qui, sous l’effet de l’humidité et de la chaleur, se transformaient en un marécage nauséabond. L’homme avait chuté dans un trou peu profond et des lentilles d’eau s’étaient introduites dans ses orifices respiratoires jusqu’à ce qu’il en meure.

    « Accident ou meurtre ? » questionna Vince, et la jolie médecin légiste haussa les épaules avec perplexité :

    « Je pencherai pour un accident. Il n’y a aucune trace de violence autre que la noyade… 

    - Comment peut-on se noyer dans un aussi petit ruisseau ? 

    - Sans doute un malaise. L’autopsie nous le révèlera. »

    Elle referma sa sacoche et partit sous le soleil de plomb sans que Vince ne trouve le courage de l’inviter à dîner. Il s’apprêtait à rentrer chez lui lorsque son bip lui signala un troisième accident : un yacht avait subi un inexplicable assaut de vagues et tous les passagers avaient été jetés par-dessus bord. L’évènement s’était déroulé à quelques encablures du port, dans cette heure un peu sombre qui précède la nuit, devant de nombreux témoins. Les garde-côtes ratissaient encore la mer à la recherche de corps.

    Vince gagna les lieux du drame sous un ciel noir zébré de rouge. Vers l’horizon, là où le soleil venait de disparaître, des nuées s’attardaient en colorant d’hémoglobine un ciel torturé. Un reste de lumière y prenait des clartés de plomb fondu. Le jeune inspecteur de police frissonna.

    « C’est dingue… » commenta le capitaine des garde-côtes. « Il n’y a aucun survivant. 

    - Que s’est-il passé ? »

    Le garde-côte eut au fond des yeux une lueur presque craintive.

    « Me croirez-vous ? »

    Apparemment, le yacht avait été victime d’une micro-tempête particulièrement dévastatrice : en l’espace de quelques minutes, la mer s’était mise à bouillonner, des vagues monstrueuses s’étaient levées, et le bateau avait été submergé. Les passagers, visiblement éméchés, étaient tous tombés à l’eau pour s’y noyer.

    « La côte n’est qu’à cent mètres !

    - Les témoins disent que la mer les retenait. »

    Vince regarda le garde-côte avec incrédulité.

    « Vous ne croyez tout de même pas ces fadaises de marin superstitieux !

    - J’ai trente personnes qui racontent la même chose. »

    Vince se tourna vers la mer et observa le miroir étale sur lequel se reflétaient les premières étoiles.

    « La mer n’est jamais innocente… » ajouta le garde-côte.

    Vince frissonna.

    La journée suivante ne fut guère plus calme : un pépiniériste avait été contraint d’avaler un tuyau d’arrosage par lequel on avait fait couler de l’eau jusqu’à ce qu’il meure, puis le patron d’une usine de recyclage s’était noyé dans un étang en tombant d’une barque. Il avait coulé à pic, les tiges des nénuphars l’avaient maintenu au fond et une anguille lui avait gobé l’œil. Ensuite, le directeur d’une société d’assainissement des eaux usées s’était encastré avec sa Ferrari contre une falaise fragilisée par des pluies localisées. Une énorme masse de gravats s’est écoulée sur la voiture, écrasant les tôles, bouchant toutes les aérations, et l’homme était mort asphyxié.

    La liste ne s’arrêtait plus... A midi, Vince s’installa sur un banc public pour avaler un sandwich. Des étudiants discutaient à proximité :

    « Vous avez vu les infos ?

    - C’est dingue, cette vague de noyades !

    - S’agit-il vraiment de coïncidences ? Vous avez vu le ciel ? »

    Le ciel était rouge comme un coucher de soleil.

    Vince retourna au bureau, appela la jeune médecin légiste.

    « Sarah, croyez-vous à un tueur en série ? »

    Il attendait une moquerie, il reçut en échange un silence éloquent.

    « Si vous pensez que l’eau est le tueur alors, oui, ce sont des meurtres en série. »

    Vince ne la connaissait pas suffisamment pour savoir si elle plaisantait. Il insista :

    « Un tueur qui utiliserait de l’eau ? 

    - Il n’y a aucune main humaine derrière ces morts à répétition. D’ailleurs, si j’étais vous, j’éviterai de m’approcher de l’eau dans les prochains temps ! »

    Son rire coulait comme une source claire. Mis en confiance, Vince trouva le courage de l’inviter à dîner le soir même. A sa grande surprise, elle accepta d’emblée.

    « Nous pourrions aller à la paillote de la plage… » suggéra-t-il en imaginant qu’une ambiance romantique comblerait la jeune femme.

    « Je préfèrerai dans l’arrière-pays. Vraiment, pour moi, la plage ressemble à une morgue. Vous ne pouvez imaginer le nombre de corps que j’ai dû examiner sur ces quelques mètres carrés de sable blanc. Alors, si je pouvais tout oublier le temps d’une agréable soirée. »

    Il promit, charmé d’être considéré comme un potentiel de soirée agréable.

    L’après-midi fut ponctuée par d’autres accidents ; les dépêches tombaient, les morts s’accumulaient. Un émir arabe se noya dans sa piscine, le chèche aspiré par le filtre. Une famille pique-niquant au bord d’une rivière périt noyée dans une crue inattendue et éphémère. A partir de 17 heures, un flash d’infos passa en boucle lorsque le Génésis, énorme paquebot de plaisance, s’échoua inexplicablement sur un récif qui bordait l’île d’If et coula par trois cents mètres de fond avec les deux tiers de ses passagers bloqués dans leurs cabines.

     « Que se passe-t-il ? Le monde est-il devenu fou ? » s’insurgea le commissaire en tendant une main nerveuse vers la télévision qui, allumée en permanence dans son bureau, n’offrait que des news alarmistes. « Avez-vous vu les informations ? C’est à rien n’y comprendre… Et ce ciel ! On dirait du sang… »

    Fasciné par l’écran, Vince voyait des moussons hors saison succéder à des tsunamis, des tornades rivaliser avec des crues de rivières colossales. En Egypte, le barrage d’Assouan avait cédé, dévastant les rives surpeuplées du Nil. Aux Pays-Bas, les digues qui faisaient la fierté de ce plat pays avaient rompu et de nombreuses villes étaient submergées tandis que le reste du pays, privé d’électricité, proclamait l’état d’urgence. En Russie, des incendies gigantesques émergeaient de la tourbe des forêts où ils couvaient, attisés par la sécheresse. Une vague de trente mètres avait ravagé la côte est des Etats-Unis. Sans parler des coulées de boue, des débordements du moindre ruisseau, des inondations au Bengladesh et des îles polynésiennes rayées de la carte par une soudaine montée du Pacifique.

    L’humanité se noyait.

    Vince regarda dehors. La nuit arrivait. Le ciel était lourd, plombé d’orages. Au-dessus des Alpilles, des éclairs monstrueux couronnaient la garrigue en colorant les nuages de lueurs sanglantes. Ces catastrophes n’étaient pas du ressort de la police criminelle, le commissaire parlait pour ne rien dire, Vince partit sous une pluie diluvienne. Il remonta le col de sa chemise, se réfugia dans sa voiture. Les rues devenaient des torrents ; il partit chercher Sarah en ne voyant pas à dix mètres. La nuit s’était effondrée sur Cannes, comme une tâche d’encre tombée des cieux. « La mort est sur nous ! » hurlait un prédicateur accroché à un lampadaire éteint.

    Sarah l’attendait sous le porche de son immeuble, réfugiée dans un ciré jaune qui la faisait ressembler à un pêcheur breton.

    « Les fusibles ont sauté, il n’y a plus de sonnette, » dit-elle en s’engouffrant avec hâte dans la voiture.

    « Sarah, nous devrions monter dans les collines. Je crois que quelque chose de terrible est en train de se préparer. »

    Elle observa son profil se découper comme une tâche claire sur la nuit de la vitre.

    « L’eau ? » souffla-t-elle en se perdant dans le va-et-vient hypnotique des essuie-glaces.

    Il sortit de la ville. La voiture semblait lutter contre un monde apocalyptique, les routes étaient des torrents, le paysage sans électricité ressemblait à un gouffre dénué de sortie où tout se serait mis à couler.

    « Ne regarde pas derrière toi, » dit-il en s’accrochant au volant. Sarah se tassa dans son siège.

    « La mer est en train de sortir de son lit. »

  • PHOTOS EN LIGNE

    Elles sont dans l'album "Auteurs présents en 2012".

    Il en manque quelques-unes pour cause de flou, ou parce qu'elles ont été prises alors que l'auteur(e) était déjà parti(e).

    Ce sera pour une autre fois...

    Bonne découverte de ceta album.

    RAPPEL : Prochain Salon le 13 octobre 2013. Vous pouvez déjà vous inscrire, comme quelques auteurs l'ont fait.

  • NOUVELLE ARRIVEE SECONDE

     LA DERNIERE NUIT  -  Pierre Aubry

    Le crépuscule tombait. Une première étoile apparut dans le ciel d’été au moment où Sharon Mill atteignait le panneau d’entrée de la ville ; « Winfield – Pennsylvanie – 2977 habitants ». Le dernier réverbère dessinait devant elle sur la route assombrie une ombre qui s’allongeait à mesure qu’elle faiblissait. Elle s’engagea sur le sentier de pierres qui menait à sa maison, une haute bâtisse isolée qui se trouvait à un demi‑mile de l’agglomération. Un bruit dans les fourrés la fit sursauter. Elle fut rassurée en voyant sortir d’un buisson Tom, le chat d’Orson, l’étudiant qui travaillait de nuit à la station d’essence située en contrebas de sa maison. Au détour d’un virage, elle aperçut la lumière qui éclairait les fenêtres du salon et se sentit rassérénée. Pressant le pas, elle atteignit bientôt la balustrade de planches, ouvrit la porte avec impatience, et pénétra en hâte dans la pièce illuminée.

    Une feuille était posée sur la table de chêne :

    « Miss Sharon – j’ai réparé votre chauffe-eau. Tournez fort pour allumer la veilleuse. J’ai laissé la lumière allumée, comme vous me l’avez demandé. La lampe du frigo est grillée, je vous la remplacerai demain. Votre dévoué, Sonny. »

    Elle se servit un verre d’eau, fit réchauffer une pizza qu’elle engloutit avec appétit, puis s’allongea sur le canapé après s’être débarrassée de ses chaussures à talons plats. Elle brancha la radio sur une station de musique classique, et laissa divaguer ses pensées.

    « Ce brave Sonny, il est bien gentil. Et beau garçon, s’il n’avait pas les cheveux si longs et mal peignés. Dommage qu’il ait de si mauvaises fréquentations ; des hooligans, des filles… faciles. Il s’intéresse à moi, c’est sûr ; mais il risque d’attendre longtemps avant d’obtenir ce qu’il cherche. J’ai déjà réussi à le convaincre d’aller à l’office tous les dimanches, c’est déjà ça ! Même s’il ne le fait que pour moi. »

    Sharon Mill, étendue sur la moleskine marron du sofa dans une pose on ne peut moins lascive, les genoux serrés, engoncée dans une longue robe de toile grise, n’aurait éveillé aucun intérêt chez le plus concupiscent des observateurs. Et pourtant… En défaisant son chignon sévère, en déchaussant ses lunettes à monture de fer et aux petits verres ronds, en troquant ses larges oripeaux, ses chaussettes de laine écrue, pour une tenue affriolante, elle n’aurait pas démérité dans un concours de miss.

    « Quand viendra-t-il, celui que j’attends ? Bon mari, bon chrétien, droit et juste. Et, si le Seigneur m’interdit de le rencontrer un jour, je resterai vieille fille. Tant pis… ou tant mieux ! »

    Depuis la mort de ses parents, survenue cinq ans plus tôt, Sharon vivait seule et recluse, sans télé, et consacrait sa vie à des actions de charité. Dans cette optique, elle avait accepté un travail dans une filiale de l’église luthérienne, dont elle se consolait de l’ennui en considérant sa mission divine.

    Soudain, la sonate de Chopin fut interrompue par un grésillement désagréable. Elle se redressa et, au moment où elle s’apprêtait à tourner le bouton de fréquence, entendit une voix qui lui glaça le sang :

    « Nous interrompons votre émission pour une information de la plus haute importance. Restez à l’écoute…

    - C’est le président qui vous parle (la voix, déformée par l’émotion, était méconnaissable). Chers citoyens, nous vivons en ce moment les heures les plus graves qu’aient connues notre pays… »

    Le cœur de Sharon se mit à battre très fort. Elle parcourut les fréquences ; partout le même programme était diffusé.

    « … A cette attaque nous avons riposté. Il n’y a aucun doute sur l’identité de l’agresseur. Des centaines de missiles intercontinentaux ont été lancés depuis la Russie occidentale et la Sibérie. L’agression est d’autant plus lâche que, depuis des années, nos ennemis d’aujourd’hui ne cessaient de feindre d’œuvrer avec nous dans la voie du démantèlement de l’arsenal nucléaire. La catastrophe que nous redoutons tous depuis le début de la guerre froide va s’accomplir. Je ne puis que vous exhorter au courage et au pardon. Adieu, et God bless America ! »

    Sharon se sentit envahie par une vague de désespoir et de compassion qui firent place à une immense colère. Elle se mit à hurler.

    Puis, une fugitive lueur d’espoir illumina son esprit ; et s’il s’agissait d’une erreur ? D’une confusion qui aurait provoqué la diffusion d’un message enregistré à l’avance ?

    La voix du président avait laissé la place à celle d’un homme qui se présentait comme le chef d’état major. Il annonçait, d’une voix monocorde et très militaire l’évolution de la situation :

    « Une faible partie des missiles a été interceptée par notre défense, mais la quantité est trop grande pour que cette action ait un effet notable. D’après nos estimations, la côte ouest sera atteinte dans deux heures, et la côte est dans une heure quarante. Tout laisse augurer que le pays entier sera rayé de la carte. Plusieurs villes d’Europe, de part et d’autre, ont déjà été détruites : Londres, Paris, Strasbourg, Moscou, Varsovie, Prague… »

    Elle se résigna après avoir réfléchi : une erreur ou une supercherie n’aurait pu occuper toutes les fréquences. Il ne pouvait s’agir que d’un plan prévu par le gouvernement pour avertir la population. Et pourquoi au fond ? Il n’y avait rien à faire ! Et les propos tenus, décrivant la situation présente, ne pouvaient être pré-enregistrés.

    Elle monta à l’étage, sa radio à la main, éteignit le poste, et pria. Puis elle contempla de la fenêtre le beau ciel nocturne, piqueté d’étoiles. Bientôt, on y verrait apparaître des points lumineux et mobiles : les fusées qui apporteraient la mort depuis l’autre côté de l’océan.

    Elle ralluma la radio. La voix continuait d’égrener des nouvelles, qui n’avaient finalement aucune importance :

    « … aucun continent n’est épargné. Des puissances dont on ignorait jusqu’alors qu’elles possédaient l’arme atomique, sont entrées dans la guerre par le jeu des alliances. Le Cap, Johannesburg, Lagos, Tel‑Aviv, Damas, Sao Paulo, Buenos Aires, n’existent plus… »

    Une immense révolte contre la stupidité humaine s’empara de son esprit. Des images s’imposaient à sa pensée ; la fin de « docteur Strangelove » où fleurissent les champignons atomiques sur fond de musique douce, les atroces vue d’Hiroshima sur la couverture d’un magazine où il était écrit que les puissances nucléaires avaient de quoi faire sauter 50 fois la planète, le long hiver qui succéderait à l’Apocalypse et anéantirait toute trace de vie sur terre… Elle courut vers le buffet du salon où traînait dans la vitrine une bouteille de bourbon qu’elle réservait pour l’occasion improbable d’une visite. Elle la décapsula et but au goulot une grande rasade en faisant la grimace. Sa bouche, enflammée par la brûlure de l’alcool auquel elle n’était pas habituée, s’anesthésiait peu à peu. Elle porta de nouveau la bouteille à ses lèvres. Puis encore…

    Soudain, un bruit la fit sursauter. On frappait à la porte d’entrée. Elle courut l’ouvrir. Devant elle se tenait Sonny, la mine défaite.

    « Bonsoir Mamzelle, vous savez c’qui s’passe ?

    - Oui, entre. »

    Elle désigna la bouteille posée sur la table

    « Bois, ça te donnera du courage ».

    Le garçon, qui affichait d’ordinaire une pose si assurée, proche de l’arrogance, paraissait tellement faible et emprunté, qu’elle en oublia sa propre détresse. Elle était en face d’un être qui concentrait en lui toute la compassion qu’elle ressentait pour l’Humanité entière.

     

    Sonny bredouilla :

    « On va mourir, Mamzelle. Comme c’est fini… J’ai quelque chose à vous dire… »

     Elle lui arracha la bouteille des mains et, dans un mouvement de folie, déboutonna un à un les boutons de sa chemise.

     L’étreinte fut torride et sauvage. Sharon connut des sensations qu’elle n’aurait jamais soupçonnées. Elle voguait dans un espace inconnu qui lui faisait oublier la situation catastrophique. Elle se moquait de la mort, des missiles qui tomberaient bientôt, seulement satisfaite d’avoir connu au moins une fois dans sa vie, cette nuit qui serait la dernière, l’intimité avec un homme. Bizarrement, sous l’effet de l’alcool, de l’émotion, du plaisir, elle s’endormit d’un coup en serrant très fort Sonny dans ses bras.

    Un flot de violente lumière pénétra ses yeux à travers ses paupières closes. Elle les ouvrit, éblouie. Le soleil, sortant d’un nuage, entrait par la fenêtre. Elle était seule au milieu des draps froissés. Dehors les oiseaux chantaient. Elle s’assit au bord du lit.

    Quand elle eut compris, elle se saisit du transistor et le balança contre le mur où il explosa ; laissant apparaître des épissures de chatterton enserrant les fils électriques.

    On était en 1985, l’armée soviétique occupait toujours l’Afghanistan, les relations entre USA et URSS n’étaient pas au beau fixe, après le boycott des jeux olympiques, mais les négociations sur le désarmement étaient en bonne voie. L’hypothèse d’une apocalypse nucléaire semblait s’éloigner.

    Orson, après avoir reçu les 1000 dollars qui étaient l’enjeu de son pari, fut pris de remord et quitta Winfield pour New York, où il termina brillamment ses études d’électronique.

    Sharon, dévorée de honte, ne sortit pas de sa maison pendant les trois jours qui suivirent. Elle ressentit envers Orson une immense haine qui s’estompa au fil des mois. Elle resta célibataire, mais ne dédaigna pas d’entretenir des relations intimes avec quelques garçons sérieux.

    ______________________________________

     Bien des années plus tard, un matin de septembre, dans son appartement de Boston, Sharon avalait machinalement ses œufs au bacon, fascinée par les images que diffusait la télévision. On sonna à la porte ; elle ouvrit. Son voisin de pallier, un fringant quinquagénaire qui lui avait réparé son poste la semaine précédente, et qui la courtisait assidûment,  se tenait devant le seuil, la mine décomposée. Le visage de Sharon s’éclaira et elle lui lança :

     - Ah ! Je vous vois venir vous ! On m’a déjà fait le coup !

     

     

    Il prit un air ahuri devant cet étrange sourire ; tandis que sur l’écran, derrière elle, la deuxième tour du World Trade Center s’abattait dans une explosion de poussière.

     

  • UNE BELLE REUSSITE CETTE ANNEE ENCORE

    Quelques coupures de presses le lendemain du Salon qui vit la foule des années précédentes, même si les achats furent en-dessous de ce qu'on pouvait attendre... Mais une certaine crise continue à faire des ravages !

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  • LE GRAND PRIX DU CONCOURS DE NOUVELLES

    ET S'IL N'EN RESTAIT QU'UN

    Eric GOHIER

     

     

          10 janvier   J'avais beau m'y attendre, je me suis retrouvé cul par-dessus tête. Et le cockpit dans un état de bazar indescriptible. C'est la première fois que je remonte les Quarantièmes Hurlants et que je suis la proie d'une "Big One", ces vagues de plus de vingt mètres de haut qui laissent quille à l'air les voiliers des navigateurs solitaires en quête de record. Patience. Une prochaine me remettra à flots. J'ai trois mois de vivres à bord. Je peux tenir.

    13 janvier   J'ai cru mourir. Je ne sais pas combien de temps a duré cette tempête. Jusqu'au basculement. Le fracas a été épouvantable ! Ma tête a durement heurté un des renforts boisés du carré et je garde une bosse monstrueuse en souvenir. Le temps est minable. Je vais profiter de mon état cotonneux pour rester à l'abri et tout remettre en ordre. Le record, c'est râpé ! Je ne serai pas le premier sous les cinquante jours. Je ne regrette pas mon choix d'un bateau lourd mais résistant. Il n'a subi aucune avarie. Je ne suis pas parvenu à joindre les miens. Je réessaierai demain.

     14 janvier    C'est à n'y rien comprendre. Le jour refuse de se lever alors que je suis encore très loin du cercle polaire. Ce n'est pas vraiment la nuit. Plutôt une brume sombre et opaque  très haut dans le ciel. Plus étrange encore l'air recèle une odeur de fumée. Mes instruments de communication n'enregistrent aucun écho. Je ne parviens même pas à aller sur Internet, la connexion est impossible. Mes batteries sont pourtant chargées. Peut-être y a-t-il une panne de satellite. J'espère que tout va vite rentrer dans l'ordre. Il me tarde de dire à mes filles que je les aime… à leur maman aussi !

     16 janvier  Je suis au-delà de l'inquiétude. Je ne peux communiquer avec personne. Et toujours cette insupportable odeur de fumée ! Le ciel reste gris noir, mes batteries solaires ne se rechargent plus. Je crains le pire. Le froid reste supportable mais j'ai en permanence deux pulls sur moi. Je suis allé à fond de cale. Une chance que Max ait insisté pour que je prenne une éolienne de rechange ! Celle de pont est hors service. Ce matin, un albatros a survolé mon bateau. Cela m'a fait un bien fou de voir une trace de vie.

     18 janvier    La situation n'a pas évolué. Je crains le pire. J'ai remplacé l'éolienne à temps, mes batteries solaires étaient vides. Je viens de faire le point au sextant, je vais faire route sur l'Australie. Il me tarde de revoir le soleil. Quant à ma famille… j'essaie de ne pas y penser ! Les pires idées me viennent à l'esprit. Je n'arrive pas à trouver une explication rationnelle à tout ça susceptible de me rassurer. Je sens moins l'odeur de fumée. M'y suis-je habitué ? 

     24 janvier    Il fait de plus en plus froid. Ce n'est pas ce qui m'angoisse le plus, je suis équipé pour des conditions extrêmes. Ma V.H.F. reste muette, idem pour le téléphone satellitaire. Je ne comprends pas pourquoi mes appareils refusent de fonctionner. Par prudence, j'ai commencé à me rationner. En tirant un peu, je peux tenir quatre mois. Adélaïde est en vue, je devrais accoster demain si le vent se maintient. Aux jumelles, j'ai cru apercevoir des flammes et de larges panaches de fumée. Je commence à me demander si le ciel sombre n'est pas le corollaire de cette odeur de fumée. Douloureuse perspective !

     1er février     J'ai cru que je ne pourrais jamais me remettre à écrire. Je me suis rendu à terre à l'aide du canot de survie. Ce que j'y ai découvert est terrifiant. Le port n'existe plus. La ville non plus. Il n'y a plus un arbre debout. Tout n'est que chaos et cendres. L'apocalyptique résultante de ce qu'auraient engendré l'union infernale d'un tsunami, d'un séisme et d'un bombardement. Pas une habitation qui n'ait résisté, pas un bateau intact. Tout n'est qu'une désolation de métal, de boue… et de corps à perte de vue. Je n'ai pas rencontré un seul être humain vivant. Je viens de passer une semaine à pleurer, à vomir… à regretter d'être en vie. Mes appareils restent muets. J'ai préféré les éteindre pour économiser le peu d'énergie que me fournit mon éolienne. 

     3 février  J'ai cessé de m'alimenter. A quoi bon vivre ? Mon diplôme d'électromécanicien m'aura au moins servi à prendre cette décision. Après avoir bricolé une camionnette, je me suis enfoncé au cœur des terres. Je n'ai pas pu aller au-delà d'une cinquantaine de kilomètres. Tout est en feu. Ce qui n'a pas été détruit par la catastrophe brûle. Le ciel est de plus en plus gris, l'air de plus en plus froid. Au plein cœur de l'été austral ! Je n'ose même pas imaginer ce qui se passe au Nord ! Continuer ? Pourquoi ? Ce matin, je suis descendu dans la cale prendre une couverture. J'ai trouvé un carton au fond d'un placard. Un lot de livres. A moi qui ne lis jamais ! Inutile de chercher qui l'avait placé là. Carole est prof de français. Je me refuse encore à parler d'elle à l'imparfait. J'espère qu'elle et les filles n'ont pas trop souffert !

     8 février      Je viens de relire pour la troisième fois "Les contemplations" de Victor Hugo. J'ai recommencé hier à m'alimenter. Je ne savais pas que d'aussi belles choses se cachaient dans les livres. Un jour je vis, debout au bord des flots mouvants, Passer, gonflant ses voiles, Un rapide navire enveloppé de vents, de vagues et d'étoiles. Je ne peux pas avoir survécu pour rien. Toute chose a un sens. Quel est le mien ?

     20 février    J'ai suivi la côte jusqu'à Canberra en faisant escale à Melbourne. Je n'ai découvert que ruines et poussière… et une odeur de mort que ne parvient plus à éteindre le froid. Le silence me pèse trop à terre. Aucun chant d'oiseau, pas un cri d'animal. Le vent ne trouve plus de feuilles à faire bruire. Je lis et relis les livres de Carole. Cendrars, Apollinaire, Hugo, Rimbaud… Ils m'aident à tenir. Demain, je ferai route vers la Nouvelle-Zélande. En mer au moins il reste de la vie.

     14 mars    Je suis désespéré. Je ne supporte plus d'être seul. Auckland, Wellington et Christchurch sont dévastées. L'odeur que dégagent les morts est à ce point pestilentielle qu'elle parvient à dominer celle de la fumée que dégagent les gigantesques incendies dont j'aperçois la nuit le rougeoiement des braises. Je ne vois qu'une seule explication. Au faîte de ma connaissance. Celle qui justifie l'extinction des dinosaures : la collision de la Terre avec un météorite géant. Séisme, raz-de-marée, incendies. Tout corrobore. Je n'ai survécu que grâce à mon inconfortable position en mer. Pour combien de temps encore ?

     31 mars    Par désoeuvrement ou parce que je venais de lire "Le vieil homme et la mer" je suis allé à fond de cale récupérer canne, moulinet et Rapalas. J'ai pêché deux légines australes. Je les ai laissées sur le pont; le froid les conservera. Mes réserves s'épuisent. Si j'ai bien fait le point, j'accosterai demain aux îles Chatham. J'espère pouvoir y reconstituer ma réserve d'eau douce et trouver de quoi améliorer mon ordinaire.

     4 avril    La pluie s'est mise à tomber ce matin. Faible d'abord puis plus soutenue. Je pense souvent aux miens. A ceux que j'ai aimés. Aux autres aussi. Je crois que par moments je perds la raison. Une chance que j'ai ces quelques livres. De temps à autre, je regarde un film sur mon ordinateur portable. C'est dur de voir le monde tel qu'il était. Sans doute vaut-il mieux que j'arrête. Sur une des Chatham inhabitée, j'ai trouvé des plantes que je ne connaissais pas. Elles étaient en train de s'étioler. J'en ai cueilli de pleines brassées. Ce n'est pas très goûteux mais comestible. Je mange les racines crues et fait des soupes avec les feuilles. Cela me permet d'économiser mes réserves.

     17 avril     Il pleut toujours. Sans interruption. Je suis resté à l'ancre depuis quinze jours. Je ne vois plus aucune braise. La pluie aura au moins servi à ça. J'ai renoncé à allumer mon ordinateur; il n'y aura plus jamais de connexion. Je dors parfois des journées entières et demeure éveillé plusieurs jours de rang. Suis-je en train de devenir fou ? J'hésite à faire route vers la France. Si ma théorie du météorite est la bonne, je crains l'emballement des cœurs nucléaires livrés à eux-mêmes. A quoi suis-je donc utile ? Quel est mon sens ? L'idée m'a déjà effleuré de toiler mon navire au maximum, de le lancer à pleine vitesse et de sauter à l'eau. Aucun requin ne m'en voudrait !

     3 mai   La pluie s'est enfin arrêtée. Il était temps. Je sais presque par cœur "Les Contemplations". Je me parle de plus en plus à voix haute. Et me dispute souvent ! Mes nuits sont peuplées de tels cauchemars que je ne dors plus que le jour. Cela n'y change rien !

     18 mai     C'est ma fête ! Je me la suis souhaitée et me suis offert une double ration de soupe. J'ai en permanence gants et anorak. Ma peau commence sérieusement à se desquamer et je sens mauvais. Vivement que je tombe gravement malade !

     21 mai     Je crois que ces plantes me rendent fou. J'ai enfin levé l'ancre et fait route vers l'Amérique du Sud. J'ai tout mon temps. Personne ne m'attend. Les quelques cloques d'encre sur cette page sont dues à mes larmes. J'envie désormais Le dormeur du val. Qui viendra me faire la peau ?

     3 juin    Je n'y croyais plus ! Ce matin, le soleil est réapparu. Timide, enveloppé dans des voiles de satin. Je me suis fait un jus de racines pour saluer son retour. Il est bien temps salopard !

     13 juin    Je suis déçu. Terriblement. J'ai passé le Cap Horn avec un temps de curé. Du soleil plein les yeux, de grosses vagues molles aux fesses. J'aurais préféré une fin glorieuse. Une fin de marin ! Par je ne sais quel réflexe, j'ai rallumé ma V.H.F. On ne sait jamais, Dieu est peut-être à l'écoute. J'ai deux mots à lui dire !

     14 juin    Extraordinaire ! Inouï ! Fantastique ! Je n'en reviens toujours pas ! Je ne suis pas seul au monde ! Une voix m'a parlé. Elle s'appelle Véra. Elle est russe. Elle n'est pas seule. Igor est avec elle. Nous nous sommes parlés en anglais jusqu'à ce que ma batterie nous lâche. Elle se désespérait de lancer des messages en vain. Je suis regonflé à bloc. En route vers l'Amérique du Nord ! J'ai rebranché mes batteries solaires. Je ne veux plus cesser de parler !

     16 juin   Ahurissant qu'on puisse autant parler ! Véra semble aussi contente que moi. Nous parlons pour nous enivrer de nos paroles, nous prouver que nous sommes vivants. Nous avons tant à dire ! C'est si bon d'entendre une autre voix que la sienne. Igor ne veut pas me parler lui. Il ne veut rien d'ailleurs. Véra est inquiète à son sujet. Il n'est pas son mari. Juste un collègue. Elle a trente-quatre ans. Deux ans de plus que moi.

     20 juin    Je longe les côtes d'Argentine. Presque toutes voiles dehors. Véra m'occupe l'esprit à toute heure du jour et berce celles de mes très courtes nuits. Elle m'a confirmé ce que j'ai vu partout où j'ai débarqué. Un météorite lui semble à elle aussi l'explication la plus rationnelle. Elle est ingénieur en aéronautique; je lui fais confiance. Je parviens désormais à la faire rire. Ce n'est pas facile en anglais ! Je suis fier de moi.

     27 juin     Il m'a fallu des heures pour la consoler. Et encore, je ne suis pas certain d'y être parvenu. Ce matin, elle a trouvé Igor pendu. Avec un faisceau de fils électriques. Pauvre garçon ! Il me tarde de passer dans l'Atlantique Nord. La côte brésilienne semble interminable. La température s'est radoucie. J'ai découvert un plein carton de rations de survie. Avec toutes les racines qu'il me reste je ne me fais aucun souci. Le moral est au beau fixe !

     8 juillet    J'ai fait un drôle de rêve cette nuit. Celui d'un homme et d'une femme… Je n'ai pas osé en parler à Véra. Je préfère que nous fassions mieux connaissance avant.

     12 juillet    Véra prétend que je suis fou. Je compte bien lui prouver le contraire. Nous ne sommes pas survivants tous les deux pour rien. Un homme et une femme qui plus est ! J'ai coupé au travers des Grandes Antilles et laisse les Bahamas derrière moi. Pour me donner du courage je me récite "Les contemplations" à voix haute.

     17 juillet     La Floride est en vue. D'ici quelques heures je toucherai terre. Véra n'y croit pas. Moi si. A cœur vaillant rien d'impossible ! Nous sommes deux ! Et Cap Canaveral à quelques milles. Qui pourrait m'empêcher de la faire redescendre de la station Mir, de son orbite géostationnaire… il n'est que moi au monde !

     

  • LES GAGNANTS DU CONCOURS DE NOUVELLES

    Voilà, c'est fait, voici le classement final.

    Bravo à tous...

    Ce fut un bon crû...

    L'an prochain, il suffira de plancher sur le "Nombre 13, bon ou mauvais présage" !

    A vos expérience, et bonne plume...

     

     

     

    PALMARES DU CONCOURS DE NOUVELLES 2011

     

     L’équipe du Quatorzième Salon du Livre des Pays de l’Ain est heureuse de présenter les 10 nouvelles primées à son

     

    QUATRIEME CONCOURS DE NOUVELLES

     

    dont le thème est cette année :

     

    « LA FIN DU MONDE »

     

     96 textes nous sont parvenus, que les 9 membres du jury ont lus intégralement, armés d’une grille de lecture et de notation redoutable.

     

     1- GRAND PRIX DU SALON DU LIVRE,

     

    décerné par le Conseil Général de l’Ain

     

                                             Eric GOHIER

     

                                                                « Et s’il n’en restait qu’un »   

     

    (qui aura les honneurs de « Télé-Zapping », partenaire du Salon du Livre)

     

    2- PRIX DU CHATEAU DE SALVERT,

     

                            décerné par la Mairie d’Attignat

     

                                            Pierre AUBRY

     

                                                                « La dernière nuit »

     

    3- PRIX SPECIAL DU JURY

     

                                            Valérie SIMON

     

                                                                « Eau-killer »

     

    4eme PRIX : Jérémy CABOCHE – « Timeo danaos et dona ferentes »

     

    5eme PRIX :   Sébastien SARRAUDE – « Objectif Rhune »

     

    6eme PRIX :   Lucile DUMONT – « Les gardiens du crépuscule »

     

     

    7eme PRIX :   Emmanuelle CART-TANNEUR – « Poussière »

     

     

    8eme PRIX :   Philippe LAPERROUSE – « La der des ders »

     

     

    9eme PRIX :   Sophie APERT – « Chantage »

     

     

    10eme PRIX :   Lucienne BONNOT GANGUI – « L’alpha et l’oméga »

     

     Enfin, les jury ont eu chacun un coup de cœur : 6 sont dans la liste ci-dessus. Les 3 autres sont :

     

                        Janine SABATIER – « Qu’as-tu fait de ton frère ? »

     

                       Marianne LAPLACE – « Chers collègues »

     

                       Clémence RINCE – « La Violoniste »